Le 29 mai 1997, le Zaïre reprenait le nom de République Démocratique du Congo (RDC) occasionnant la chute d’un régime de 32 ans dominé par Mobutu Sese Seko. Ce retour à l’ancienne dénomination symbolisait la fin d’une dictature, l’espoir d’un renouveau politique et un profond besoin de réconciliation avec le passé.
En 1965, après un coup d’État, Mobutu prend le pouvoir dans un pays qui, à l’époque, s’appelait déjà République Démocratique du Congo. En 1971, dans un esprit de rupture avec les traces coloniales, il rebaptise le pays Zaïre et lance une politique d’«authenticité », remplaçant les prénoms chrétiens par des noms africains, y compris le sien, devenant Mobutu Sese Seko.
Un pouvoir estropié de l’intérieur et de l’extérieur
Pendant plus de trois décennies, Mobutu règne sans partage, soutenu par les puissances occidentales pour son rôle de rempart contre le communisme durant la guerre froide. Il centralise les pouvoirs, supprime les contre-pouvoirs, et transforme l’État en machine clientéliste. Le pays s’enfonce dans la corruption, l’autoritarisme et le déclin économique, tandis que la population subit la misère.
Au début des années 1990, le régime mobutiste vacille. La fin de la guerre froide change la donne : les soutiens internationaux se retirent progressivement, exigeant des réformes démocratiques. Le président organise une Conférence nationale souveraine, censée aboutir à une transition démocratique. Mais celle-ci est rapidement bloquée par Mobutu, qui refuse de céder réellement le pouvoir.
Parallèlement, les tensions régionales s’intensifient. En 1994, le génocide au Rwanda entraîne un afflux massif de réfugiés et d’anciens génocidaires hutus dans l’est du Zaïre.
Ce déséquilibre démographique, doublé de conflits ethniques locaux, ravive les tensions entre communautés congolaises, notamment envers les Banyamulenge, des Congolais d’origine rwandaise. Mobutu tente d’exploiter ces divisions, mais il ne maîtrise plus rien.
L’avancée fulgurante de Kabila
C’est dans ce contexte explosif que Laurent-Désiré Kabila émerge, à la tête de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL). Soutenu par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, il lance une guerre-éclair contre le régime de Mobutu. En moins de huit mois, son armée traverse le pays, profitant de l’effondrement total des forces armées zaïroises.
Le 17 mai 1997, les rebelles entrent sans résistance à Kinshasa. Mobutu, malade, s’est exilé quelques jours plus tôt au Maroc, où il mourra en septembre de la même année. Kabila prend alors le pouvoir, et le 29 mai, il annonce que le Zaïre s’appelle à nouveau la République Démocratique du Congo, un retour aux origines censé rompre avec les dérives du passé.
Le changement de nom visait à redonner de la dignité au peuple congolais, à effacer le souvenir d’un régime autoritaire et à ouvrir une nouvelle page d’histoire. Kabila promet un État fort, souverain et respectueux des citoyens. Mais très vite, le régime montre ses limites : autoritarisme, exclusion politique, centralisation du pouvoir. De nombreux anciens soutiens de Kabila se retournent contre lui.
Dès 1998, le pays plonge dans une nouvelle guerre, connue sous le nom de Deuxième guerre du Congo, impliquant une dizaine de pays africains. La RDC devient le théâtre d’un des conflits les plus meurtriers depuis la Seconde Guerre mondiale, avec plusieurs millions de morts.
Aujourd’hui encore, le 29 mai 1997 reste une date hautement symbolique dans l’histoire congolaise. Elle incarne un espoir immense, celui d’un renouveau démocratique et d’un retour à la souveraineté. Mais elle rappelle aussi la fragilité des transitions politiques dans un pays profondément marqué par les conflits, les ingérences étrangères et les crises sociales.
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