Bilan, élection et perspectives… La BAD redessine son avenir en faveur de l’Afrique

La Banque africaine de développement (BAD) s’apprête à entrer dans un nouveau cycle. Si les perspectives de croissance du continent impactées par le contexte international restent prometteuses pour certaines économies, les assemblées annuelles – qui se tiennent cette année à Abidjan- sont marquées par le bilan du président sortant et l’élection du nouveau patron.

L’annonce par Donald Trump de la suppression des financements américains accordés au guichet conces-sionnel de la Banque africaine de développement (BAD) a probablement été le énième argument au nouveau virage qui s’impose à l’Afrique. Face à ce repli des principaux partenaires au développement, les dirigeants de la première institution financière du continent ont abaissé les perspectives de croissance, dévoilées mardi à l’ouverture des assemblées annuelles de la BAD qui se déroulent du 26 au 30 mai à Abidjan. Probablement supérieure à la moyenne mondiale, la croissance de l’Afrique devrait s’établir à 3,9% en 2025 et 4% en 2026, soit des réductions de 0,2 et 0,4 point de pourcentage par rapport aux estimations publiées en février.

Cependant, au moins vingt et une économies du continent – Côte d’Ivoire, Bénin, Djibouti, Liberia, Mali, Kenya – devraient rester au-dessus des 5% de croissance du PIB en 2025. Mieux, le Sénégal, le Niger, le Rwanda et l’Ethiopie pourraient, selon la même source, atteindre ou dépasser les 7%, une performance considérée comme le seuil minimal requis pour lutter contre la pauvreté. Une conséquence des « gains durement acquis au cours de la dernière décennie grâce à l’efficacité de leurs réformes intérieures, la diversification relative de leur économie et leur meilleure gestion macroéconomique », explique Akinwumi Adesina, le président sortant qui boucle dix années passées à la tête de la BAD, avec une réélection en 2020 qui n’a pas été sans difficultés.

Une mobilisation financière « sans précédent »

D’ailleurs, le dirigeant nigérian n’a pas hésité, lors de son allocution d’ouverture, de dresser son bilan, chiffres à l’appui : 102 milliards de dollars de financements approuvés par la banque en 10 ans (entre 2015 et 2025) contre 118 milliards de dollars approuvés en 50 ans (entre 1964 et 2014) ; 59 milliards de dollars de décaissement au cours des dix dernières années, contre 72 milliards de dollars sur les 50 années précédentes. « La BAD a défendu les intérêts de l’Afrique partout dans le monde et nous avons mobilisé les ressources comme jamais auparavant ».

Certains pays ayant lancé de grands chantiers ont également bénéficié d’un appui conséquent de la Banque. C’est le cas de la Côte d’Ivoire –  siège de la BAD – où la Banque a augmenté de 500% ses financements sur la dernière décennie. L’impact à l’échelle continentale s’est notamment traduit par l’accès aux infrastructures de transport améliorées pour 120 millions de personnes, à la sécurité alimentaire pour 103 millions de personnes, à de meilleurs soins de santé pour 128 millions de personnes, à l’électricité pour 28 millions de personnes…

81 gouverneurs issus de tous les continents élisent le président

En dépit de la résilience affichée par plusieurs économies africaines, le contexte international actuel – avec la guerre commerciale Etats-Unis-Chine, l’invasion de la Russie en Ukraine, le conflit Gaza-Israël, la guerre au Soudan ou encore l’intensification des problèmes climatiques, pousse à anticiper. « C’est le moment idéal pour tracer les contours de l’avenir du continent », estime Kaba Nialé, ministre ivoirienne du Plan et présidente du conseil des gouverneurs de la Banque africaine de développement (BAD), l’organe électif qui rassemble les 81 pays membres d’Afrique, d’Europe, d’Amérique et d’Asie.

Cinq candidats sont en lice pour la présidence de la BAD : le Sénégalais Amadou Hott, ancien ministre de l’Economie et des Finances et ex-vice-président à la BAD, le Zambien Samuel Maimbo qui était vice-président à la Banque mondiale, le Mauritanien Sidi Ould Tah, ancien président de la Banque arabe de développement économique en Afrique (BADEA), le Tchadien Abbas Mahamat Tolli, ancien gouverneur de la Banque des Etats d’Afrique centrale (BEAC) et Swazi Tshabalala qui était Senior VP de la BAD juste avant de rentrer dans la course à la présidene.

« Que le meilleur gagne ! »

Dans les salons et couloirs du Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire depuis ce lundi, un sujet domine les conversations : qui sera le prochain président de la BAD ? «J’ai travaillé ou collaboré avec plusieurs des candidats au cours de ma carrière. Je préfère ne pas me prononcer. Que le meilleur gagne ! », confie un ancien président d’institution panafricaine. « Ce dont l’Afrique a besoin, c’est quelqu’un qui pourra la développer de manière à renforcer l’influence mondiale du continent », estime un investisseur d’Afrique Centrale.

S’exprimant à l’ouverture des assemblées annuelles, le président ivoirien Alassane Ouattara a estimé que « le prochain président de la BAD devra poursuivre et accélérer la dynamique insufflée par Adesina, afin de garantir le rôle de l’institution dans la marche du continent vers son développement ».

La Tribune Afrique

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